Chapitre 1 : Une enfance tumultueuse

Il était une fois... Foutu il était une fois, la vie n'est pas un conte de fée et la mienne encore moins, je ne suis pas un prince délicat et attentionné, prêt à décrocher la lune pour les yeux d'une unique femme. En voilà un début d'histoire ridicule. Commençons autrement !

Octobre, octobre et ses feuilles orangées qui couvrent de couleurs mordorées les petites rues de Bristol. Une allée de reflets laissés par le soleil. Un coup de vent et une feuille s'envole, virevolte et atterrit sur le parvis de la maternité. De là s'élève des cris, une femme qui injurie son mari entre deux hurlements de douleurs, puis un silence et des pleurs, ceux d'un enfant qui vient de mettre un pied dans ce monde, des pleurs justifiés soyez en sûr. Vous l'aurez compris il s'agit là de ma naissance, une naissance tout à fait banale, dans une maternité banale avec des parents et bien, banals. Ma décence vous a épargné le moment délicat de ma conception, remerciez moi.

Les années ont fini par passé et comme tout les petits garçons je n'avais qu'une envie, jouer et me salir. Je courais dans les rues, sous la pluie, mes cheveux blonds ruisselant de centaines de gouttes. Ma mère était postée devant la maison, un regard désapprouvant mes idioties d'enfants accroché à son œil. De temps à autres elle me criait de ne pas sauter dans les flaques, au risque de salir mon tout nouveau pantalon. Un souvenir qui peut sembler futile, mais il est un élément essentiel de mon enfance, mon septième anniversaire à vrai dire. Nous n'étions pas très riche et le luxe de se payer un nouveau vêtement était rare. Voilà pourquoi ma pauvre mère me criait de ne pas me salir. Mais je n'écoutais pas, je n'écoutais jamais, particulièrement depuis que mon père travaillait toute la journée et ne rentrait que trop tard et trop fatigué pour s'occuper de moi. J'avais fini par sauter dans une flaque, de la boue, des cris, une fessée et des pleurs. Voilà mes sept ans. Un enfant turbulent, peut-être, une mère qui souhaitait assurer son rang social, certainement.

Les premiers lundis de septembre, bien habillé, bien coiffé. Je marchais en direction de la grille de l'école, l'apparence riche, mais le ventre souvent un peu creux. Nous n'étions pas à la rue, nous avions un appartement raisonnable, mais ma mère avec des goûts de luxe. Elle faisait bien souvent passer les économies familiales dans des bougies, des chaussures et des vêtements bien trop cher pour nous. Et moi je déchirais, je salissais et je n'obéissais pas. Les bonnes manières, je n'en avais que faire. La politesse, une ignominie à mes yeux. Charretier, insolent, andouille. Ma mère devait me détester, sûrement autant que moi je pouvais la détester.

Chapitre 2 : Adolescence chérie

« - Stewart ne met pas des coudes sur la table, et enlève moi cette cigarette qui te pend au bec, va te coiffer non d'un chien et arrête de fréquent cette Mylène, elle est tellement rustre. » Ma mère était encore une fois reparti dans un discours sur la bonne conduite. A quatorze ans, toujours forcé d'écouter ses élucubrations, ses choix. Il fallait sortir avec une fille de la haute société, s'élever socialement, à croire qu'elle était resté bloquée au dix-neuvième la vieille. Je me levais de table, en prenant soin d'en mettre partout à côté de l'assiette.
« - Tu sais quoi, je me casse, j'en ai marre de tes conneries, je vois qui je veux déjà, tu me soules à force, je veux pas être un petit bourgeois qui profite même pas de la vie. »
Et je quittais la maison, ce n'était qu'une dispute parmi tant d'autres, mais c'était celle de trop. Je n'avais pas quinze ans encore, je les aurais le lendemain, mais je quittais la demeure familiale pour ne pas y revenir avant un petit moment.

Il faisait froid, des cristaux de neige restaient coincé dans mes cheveux blonds et je m'accrochais à mon bâton de nicotine comme on s'accroche à la vie. J'aspirais la fumée, toujours plus fort, dans l'unique espoir qu'elle puisse me réchauffer. J'étais parti depuis deux mois, j'allais encore en cours, mais je ne rentrais jamais chez moi, je passais mes soirées chez des amis, chez Mylène souvent, ou dans des squattes. Une vie loin d'être recommandable quand on a quinze ans. Il faisait froid ce soir là, c'était le mois de décembre et j'étais dehors sans toit pour cette nuit là. Il fallait prendre une décision, une décision qui me demandait beaucoup, mais quand la crainte de mourir de froid vous enserre le ventre, affronter sa mère acariâtre et trop strict semble une partie de plaisir. Il était temps pour moi de rentrer. Toc, toc, toc. Une boule au ventre, une porte qui s'ouvre et un regard noir !
« - Enfin de retour, rentre, mais fini la rigolade, désormais tu obéis, tu feras tout ce que je te dis, fini les cigarettes sinon et les filles. Tu vas savoir ce que c'est le respect mon garçon, je te l'assure. »
Et c'était parti pour l'enfer sur Terre.

J'allais en cours, sagement, je mangeai sagement et je ne ramenais que des filles sages que je méprisais sagement. Ma vie était trop sage à mon goût, mais je n'avais pas le choix, ma mère n'aurait pas hésité une seconde à me mettre dehors à la moindre erreur et j'avais appris une chose de mon errance, je n'étais pas encore capable de m'assumer tout seul. Derrière le lycée, pourtant, on me retrouvait une cigarette, voir une clope un peu plus illégale coincée entre les lèvres, une gratte dans les mains, une fille sur les genoux et un blouson en cuir. Un faux rebelle me diriez-vous, de ceux qui ont peur de maman. Vrai ! Je jouais les séducteurs voilà tout, mon unique passion c'était les filles. Un baiser volé par ci, quelques galipettes avec une autre par là. Je faisais ce que j'aimais tout en m'assurant un toit. Ma mère je l'aurais volontiers quitté, mais je ne le pouvais pas. Je devais la satisfaire dans ces désirs sociaux. Moi qui les détestais tellement, ces riches et leurs fausses bonnes manières, leur fausse politesse et leur mépris évident. Si j'avais su où j'allais atterrir je me serais cassé bien avant.

Chapitre 3 : Aster fais moi croire à la liberté.

« -Stewart tu t'en vas ! Tu as assez rigolé, profité du peu d'argent que nous avons à la maison, assez ramené de filles de petite vertu et assez de clopes fumées dans le salon, ça empeste. Tu pars, tu vas à Aster, une université prestigieuse, ils ouvrent un cursus pour les gens simple comme nous et tu y vas. Tu vas apprendre à devenir majordome. Ce que tu étudieras en plus peu importe, mais tu vas apprendre enfin les bonnes manières. Fini le langage châtié et les filles à gogo, tu vas connaître enfin la vraie discipline. Et tu n'as pas le choix ! »
Partir, j'avais rêver de cela toute mon adolescence après être revenu, l'université, je l'avais imaginée faite de fêtes et de beuveries, pas de thé et de bonnes manières. Le sort semblait s'acharner, mais je n'avais pas le choix, mes parents ne payeraient jamais l'université que j'aurais choisi, seul et je ne voulais pas travailler. Ma fainéantise me menait sûrement à ma perte, mais je serais loin d'eux, et puis les règlements existent pour être contourné. J'allais partir à Aster, mais Aster se souviendrait de moi !