Depuis quelques temps, j'essayais de passer le plus de temps possible en dehors de la maison. Cela faisait presque trois ans que mon père était parti sans donner signe de vie depuis. Depuis ce fameux matin où il n,était plus dans le lit de ma mère, j'étais restée paralysée dans une transe qui ne semblait jamais finir. Ce départ avait été un choc pour moi le réveil d'un rêve qui avait été beau et qui maintenant se révélait être un cauchemar. Ma mère, ma sœur et moi nous étions bercées d'illusion durant plusieurs années et je crois que c'est ce qui nous avait fait le plus mal, en tout cas c'était ce qui m'avait fait le plus mal. Je n'aurais jamais cru pouvoir vivre une trahison telle que mon père l'avait fait. Qui pourrait croire que son propre père puisse agir ainsi ? S'endetter jusqu'au cou et laisser toutes les dettes qu'il a accumulé de toutes les manières possibles à sa famille qui n'a jamais rien demandée.

Je m'étais plus fermée que je ne l'étais déjà, ce qui n'était pas peu dire et je ne faisais que traîner avec ma sœur ou seule à la maison. Ce n'était pas une vie à vivre, mais c'était ce que je faisais depuis trois longues années. Maintenant que ma sœur était à Aster, je me retrouvais encore plus en solitaire et je me rendais compte que ce train de vie ne me convenait plus. Cette routine qui avait été mienne me déprimait plus qu'autre chose. C'est pourquoi je me forçais moi-même à sortir de la maison, voir autre chose que les murs de ma chambre ou bien du salon. Me promener en ville me faisait du bien, je ne restais pas seule, c'était déjà une bouffée d'air frais de plus qui me faisait le plus grand bien. Je ne parais que très peu aux gens qui se retrouvaient aux même endroits que moi, mais au moins je sentais qu'il y avait de la vie autour de moi.

C'était donc ce que je faisais en cette fin d'après midi à me promener dans le complexe commercial du coin. Je ne pouvais pas tout me permettre ce qui se retrouvait ici, au contraire même, mais j'aimais bien m'imaginer dans ces vêtements hors de prix, ces chaussures dans lesquelles je ne pourrais jamais marcher ou bien manger dans ces restaurants dans lesquels je ne me permettais même pas d'entrer pour voir. Tout dépendait des étages où nous nous promenions. Finalement, peu importai où je me trouvais. Après avoir vagabondé tout autour du complexe, j'avais décidé de caler mes ardeurs dépensières que je ne pouvais me permettre. Je n'avais rien acheté, mais j'en avais envie. Je ne me le permettrais probablement jamais, mais faire ce que je faisais ne m'aidait pas vraiment à ne pas plier.

Je me suis donc arrêtée dans un petit café pour calmer mes ardeurs et prendre, comme de fait, un café. Après avoir pris ma commande au comptoir, je suis allée m'asseoir à la dernière table libre. Il faut dire qu'il n'y avait pas beaucoup de table et que le café était bondé. Bref, j'avais eu de la chance d'avoir une place assise. J'ai pris le livre que je trainais dans mon sac à main, le meilleur ami de la solitaire que j'étais. Je ne me retrouvais donc jamais à me tourner les pouces, l'air ennuyé, peu importe où j'allais. Je me suis donc plongée dans ma lecture, buvant mon café à petite gorgée sans tenir compte du temps qui passait.

Nous avons presque tous le même problème. J'aurais bien enlevé le presque de ma phrase, mais je préférais laisser le bénéfices du toute aux quelques personnes qui vont dire que NON ils n'ont pas ce problème. Bref, tout ça pour dire que nous voulons, presque, tous tout avoir. Nous en voulons toujours et nous avons beaucoup de difficultés à nous contenter de ce que nous avons déjà. Comme ma mère le dit si bien, nous avons l'impression que l'herbe est plus verte sur les terrains des voisins. Je dirais que pour certaines personnes, je tiens à dire que je ne vise personne ci donc si le chapeau vous va mettez le, il leur est plus facile de vivre avec cet éternel désir de posséder des choses. Ils sont plus à même de contrôler ces désirs et surtout de les combler s'ils en ont envie. Quand nous avons de l'argent, tout est plus facile. Les gens ont beau dire que l'argent ne fait pas le bonheur, il est tout de même plus facile d'être heureux avec un toit qui ne coule pas sur la tête et dans un lit bien confortable. On peut s'entendre là-dessus je crois. Pour les autres qui se donnent une bonne conscience en disant que c'est faux, allez voir ailleurs si j'y suis.

Bref, personnellement, je commençais à me languir de pouvoir combler mes désirs. Avoir de jolis vêtements à la mode, changer ma vieille paire de chaussure, aller chez le coiffeur et non pas me faire couper les cheveux par ma sœur dans la salle de bain de la maison, ne pas avoir honte d'emmener des copines à la maison, ce que je ne faisais pas. Il faut dire que mon échantillonnage de copine était plutôt restreint donc bon, elles ne se battaient pas pour venir chez moi. Il n'y avait qu'Hinamori et ma mère à la maison et ça suffisait à tout le monde. Généralement, je retrouvais mes copines dans des cafés, au centre commercial ou bien à l'école. Tout pour éviter ma maison qui n'en valait pas le détour. Sinon, la plupart du temps de trainassais seule, comme aujourd'hui. C'était beaucoup plus facile comme ça. Je n'avais pas de copines dans le dos qui auraient pu me dire que je pouvais faire une folie de temps en temps. Je pouvais mieux me contrôler et me dire que je n'avais pas réellement besoin de ces beaux vêtements tellement attirants.

J'étais donc là, assise dans un café bondé à ronger mon frein en lisant un bouquin pour mes cours. Je pouvais mieux détourner mon attention comme ça. Il aurait été plus logique pour moi de simplement partir, mais je voulais me prouver que je pouvais résister. Et puis, je devais me l'avouer, je me sentais un peu moins seule en ayant tout ces gens autour de moi. Ils n'étaient pas avec moi, mais c'était déjà ça, je sentais la vie autour de moi. Ahem, excusez-moi, mademoiselle ? Est-ce que vous permettez que je me joigne à vous ? Il n’y a plus que ce siège de libre dans tout le café… Quelqu'un me parlait ? Il n'y avait plus que de la vie autour de moi, mais il y avait de la vie avec moi maintenant. J'ai levé la tête vers la source de cette voix plutôt agréable avec un air timide. Un grand brun avec des cheveux un peu long, une barbe d'un jour ou deux et il semblait plutôt athlétique. De la chance, je semblais avoir de la chance. J'ai timidement souris au nouvel arrivé avant de lui répondre, mal assurée.

« Euh oui bien sûr. Un peu de compagnie ne fait pas de mal. »

Je l'ai regardé, avec son charmant sourire qui devait en faire craquer plus d'une. 'ai répondu à ce sourire avec un léger rouge aux joues. Je ne pouvais le certifier, mais je sentais une certaine chaleur se répartir sur mon visage. Être sociable, je devais être sociable. Hinamori me le disait tout le temps, je devais sortir de mon cocon et saisir les opportunités qui s'offraient à moi pour rencontrer des gens.

« Je m'appelle Hisana. »

Nulle. J'étais vraiment nulle. Bon, au moins j'avais dit quelque chose. J'avançais dans la bonne direction.